Il arrive parfois que les livres provoquent des rencontres et rapprochent les gens… Dans mon billet précédent, je vous parlais d’un évènement littéraire jeunesse organisé à l’école Notre-Dame-de-l’Assomption réunissant plusieurs acteurs du quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. L’exemple dont je vous fais part cette fois-ci contribue également à promouvoir la littérature jeunesse en communautés, mais à plus large échelle, un peu partout à travers le Québec.

Les croque-livres : partager le plaisir de la lecture avec ses voisins

Vous avez sûrement déjà croisé une de ces petites boîtes colorées aux noms farfelus posées parfois en face d’une maison, d’un organisme ou au milieu d’une place publique, ces sortes de « microbibliothèques » destinées aux enfants de 0-12 ans dont le principe est fort simple : « Donne un livre ou prends un livre ! ». Une idée brillante, offerte par la Fondation Lucie et André Chagnon et leurs partenaires, qui permet de faire voyager les livres de maison en maison et de rendre parfois la lecture accessible à des endroits où on la retrouve moins, par exemple dans des familles défavorisées qui n’ont pas la chance d’avoir des livres à la maison. (Ma collègue Valérie Fontaine parlait justement d’un lancement de croque-livres dans sa ville ICI) Selon le site croquelivres.ca , il y aurait à l’heure actuelle pas moins de 679 boîtes à travers le Québec depuis presque 3 ans. Parce qu’elles m’ont toujours fascinée, j’ai décidé de contacter la Fondation Lucie et André Chagnon, ainsi que des gens au hasard qui ont adopté un croque-livres afin d’en connaître leurs histoires.

croque-livres - Quand les livres provoquent des rencontres

D’abord à qui appartiennent ces croques-livres? D’après la Fondation Lucie et André Chagnon, elles proviennent d’organisme communautaire ou de loisirs et d’établissements préscolaires et scolaires, mais il existe aussi des citoyens motivés qui en assument les frais et l’entretien de manière individuelle ou en groupe, d’autres encore se la procurent en effectuant des levées de fond. Généralement on adopte un croque-livres, car on estime que ce sera un bon apport pour son milieu. Les profs y voient l’opportunité de créer un projet coopératif de classe (trouver le nom, le décorer, en dessiner les plans), les parents d’enseigner la notion de partage à leur(s) enfant(s), d’autres d’embellir leur espace, de le rendre plus convivial. Pier Larochelle, maman d’une petite fille de 5 ans, pour sa part, raconte qu’elle est devenue propriétaire d’un croque-livres grâce à sa fille qui aime beaucoup les livres : « Pas loin d’où on habitait l’année dernière, il y avait un croque-livres et chaque fois, ma fille insistait pour prendre des livres. Je lui ai promis que lorsqu’on déménagerait, on en aurait un nous aussi pour en redonner. Chose promise, chose due, nous avons maintenant adopté un croque-livres devant notre résidence. » Pour Julie L’Ecuyer et Olivier Berger et leurs trois enfants, le croque-livres représente un projet de famille puisque les enfants participent au tri et au recensement des livres. Ensemble ils sont fiers d’affirmer qu’environ 350 livres ont été mis en circulation dans leur boîte.

croque-livres - Quand les livres provoquent des rencontres

Ce qui frappe lorsqu’on s’attarde aux retombées engendrées par l’apparition de ces boîtes, c’est leur côté rassembleur permettant un véritable travail d’équipe autour de la lecture. Cela peut être à plus grande échelle comme à Henryville où tout un réseau a été généré autour du projet grâce au bouche-à-oreille et à la collaboration de plusieurs écoles et intervenants scolaires. (Vous pouvez visionner des capsules ICI à ce sujet) Parfois, des relations sont nouées au quotidien, par exemple, pour Pier Larochelle, cette action l’a aidé à se faire connaître davantage de son voisinage suite à un déménagement. La boîte a permis un échange entre elle et l’école primaire environnante qui y prend régulièrement des livres, mais aussi une collaboration avec la librairie de livres usagers du quartier qui fournit des livres au besoin afin de la remplir. D’autre fois, le croque-livres permet tout simplement un moment d’arrêt dans la routine habituelle. Par exemple,Véronique Douliez, propriétaire d’un croque-livres dans une ruelle verte de Villeray à Montréal souhaite inviter une garderie du coin qui s’y arrête souvent, afin d’offrir aux enfants des heures du conte. Elle a installé un petit banc à côté de la boîte et remarque que beaucoup de parents et d’enfants s’y arrêtent afin de partager une histoire lors du retour à la maison.

croque-livres - Quand les livres provoquent des rencontres

Selon la Fondation Lucie et André Chagnon, malgré le fait que l’apparition des croques-livres aient suscité beaucoup d’intérêt jusqu’à présent, d’autres citoyens ou organismes se heurtent parfois au défi que constitue l’approvisionnement de leur boîte (quantité et qualité des livres). « Les gens prennent des livres, mais n’en remettent pas nécessairement, il devient plus difficile de les faire circuler dans ces circonstances et cela refroidi le voisinage à le remplir », affirme Catherine- Lawrence Laporte propriétaire d’un croque-livres dans une ruelle verte d’Hochelaga-Maisonneuve. Véronique Douliez doit parfois filtrer de sa boîte le contenu inapproprié, par exemple des livres pour adultes alors que la boîte est destinée aux enfants. Elle essaie de sensibiliser son entourage à déposer du contenu attrayant pour des jeunes lecteurs.

croque-livres - Quand les livres provoquent des rencontres

Personnellement, je trouve qu’il y a quelque chose de très beau à l’idée de faire circuler les histoires qui on captivées ou qui ont marquées l’imaginaire. Utiliser un croque-livres c’est non seulement l’occasion de faire de petites trouvailles, mais c’est un peu une manière de donner une deuxième vie aux livres jeunesse que l’on a aimés, une façon de donner au suivant en participant activement à la vie de son quartier. En cette période de ménage et de déménagement, pourquoi ne pas, si le coeur vous en dit, aller faire un tour à la boîte la plus près de chez vous? Pour ce faire, c’est tout simple, il ne suffit que d’entrer votre adresse ou le nom de votre ville sur le site croque-livres.ca, ce site contient également toutes les informations afin d’en construire ou d’en acquérir un.

* À LIRE ÉGALEMENT : 2 initiatives autour des livres pour rassembler sa communauté [PARTIE 1]

Et vous, quelles sont vos initiatives pour partager votre plaisir de lire avec votre communauté?

(Grand merci à tous ceux et celles qui ont répondu à mes questions !)

Last modified: 8 juin 2017

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