Quand Camille, la candide cousine de l’obscure Frédérique est invitée à passer les vacances dans le manoir de celle-ci, l’adolescente n’imagine en rien ce qui lui pend au bout du nez. Pourquoi cette demeure ancestrale est-elle si éloignée du village? Qu’est-ce qui peut bien motiver la méfiance qu’affichent les habitants de l’endroit? Pourquoi l’épicier du coin rend aussi facilement disponible tout produit à base d’ail et pourquoi cette épice dégoûte-t-elle autant Frédérique? Mais surtout, que fabrique la squelettique femme une fois la nuit tombée?

Ce que j’en pense…
Les cousines vampires est un sympathique hommage aux films d’horreur de série B. Cathon et Alexandre Fontaine-Rousseau se sont clairement fait plaisir en truffant leur bouquin de référence au 7e art, et ce, du premier au 4e de couverture.

Les Cousines Vampires

L’illustration de la couverture est tout simplement sublime. Comme le ferait l’affiche d’un film, elle nous met tout de suite en appétit et nous vend exactement le récit qu’on est en droit d’espérer. Dans cette veine, je souligne aussi le choix d’un carton légèrement gaufré qui contribue à l’ambiance ancienne et poussiéreuse de l’histoire.

Dès les premières pages, on entend presque une vieille bobine de film tourner à la vue de ces multiples cases panoramiques. Les dessins de la voiture de Camille qui dévale une montagne bordée d’étendue d’eau ne sont pas sans nous rappeler l’ouverture de The Shinning. Dans la poursuite de ce salut au cinéma, les auteurs ferment ce qu’on comprend être le prologue du récit par une reprise du titre du livre, tout comme le ferait un générique d’ouverture. Faire du frais avec du vieux en lui offrant une nouvelle forme? Ho que oui…

Les Cousines Vampires

Les choix artistiques du duo ajoutent eux aussi à l’ambiance théâtrale dans laquelle on nous plonge. Les dessins de Cathon réalisés à l’aide de graphite bien voluptueux nous enveloppent dans des éclairages feutrés qui parfois, nous plongent même dans la pénombre la plus totale. Alors qu’elle aurait pu tomber dans une approche maximaliste et des décors gorgés de détails inquiétants, Cathon ose évoquer l’étrangeté par des cases totalement noires. Ce subterfuge se révèle assez efficace et laisse à notre imaginaire le plein pouvoir de nous apeurer par lui-même.

Les Cousines Vampires

Le scénario qui se rapproche davantage de Karmina que d’Entrevue avec un vampire confirme que Les cousines vampires a tout pour plaire aux jeunes comme aux vieux adolescents. Au-delà des gags de céréales à l’ail et des rigolotes références à l’hémoglobine, la jeune Camille demeure la locomotive humoristique de l’histoire. Opposé à l’austérité de la sombre Frédérique, sa légèreté presque burlesque ne manque pas de nous lier solidement à ce personnage. On s’attache à la petite demoiselle comme à une copine cabotine de qui on attend cette savoureuse réplique qui ne peut sortir de la bouche de personne d’autre. Bien qu’on voit un brin venir la fin de l’épopée, le dénouement est un bonbon en soi. Un bonbon délicieux dont on savoure la rougeur, et ce, malgré l’absence de tout coloris…

Au final, on obtient un récit ludique qui coule très bien. De quoi plaire à l’esprit morbide qui réside en chaque étudiant du secondaire désireux de prouver qu’il est assez brave, lui aussi, pour consommer ce genre de produit.

Les cousines vampires
Alexandre Fontaine-Rousseau & Cathon
Éditions : Pow Pow, 2014.
ISBN : 9782924049181
À partir de 12 ans.

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Last modified: 26 mars 2015

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