Depuis l’enfance, Jacob, profite d’une relation privilégiée avec son grand-père Abraham. En effet, le vieil homme berce l’enfance de son petit-fils à grand coup d’histoires fantastiques portées par des personnages aux pouvoirs surnaturels qu’il aurait connu du temps où il habitait un orphelinat bien particulier. Mais lorsque le vieil homme est retrouvé mort dans des circonstances étranges, Jacob tombe sur une lettre obscure signée de la main d’une certaine Peregrine Faucon. Guidé par son désir de recoudre les fils du passé, il sera transporté au Pays de Galles où l’attendent des secrets plus grands que nature…

Miss Peregrine et les enfants particuliers

Un roman pas comme les autres 

Ouf ! Toute une prémisse n’est-ce pas? En plus, on apprendra rapidement qu’il se cache sous les histoires du papi à l’imagination fertile, les vestiges de la Deuxième Guerre mondiale. Lourd tout ça pour un récit jeunesse? Non. Du moins, pas quand c’est Ransom Riggs qui tient les rênes.

Mené comme une enquête, on traverse le récit à travers les réflexions de Jacob, un adolescent en crise, troublé par la perte de son grand-père et les nombreuses questions laissées sans réponses depuis son départ. Le jeune homme sera guidé par une série de photos que lui a légué son grand-père et dont on nous fait cadeau tout au long du récit. Ainsi, l’étrangeté ne manque pas de nous envelopper rapidement. N’ayez crainte, pas besoin de jouer à Colombo avec ces éléments visuels, car ils ne sont pas obligatoires à la compréhension du récit. Leurs présences ont cependant comme effet de nous plonger elles aussi dans cet univers étrange qu’est celui de l’orphelinat anglais de Miss Peregrine.

Miss Peregrine et les enfants particuliers

Chapeau à Riggs qui nous ouvre rapidement et de manière claire les portes de l’esprit du jeune Jacob. On y parle de manière franche et honnête de la perte d’un être cher et des regrets qui nous habitent une fois qu’ils nous quittent. Des inquiétudes qui nous troublent quand viennent à nous des secrets que ceux-ci nous avaient gardés de leur vivant.

La BD

C’est Cassandra Jean qui signe les illustrations du texte de Riggs. Dès les premières pages, on ne se perd pas dans les détails. Ainsi, certains personnages et passages plus anecdotiques seront laissés de côté au profit de l’action qui elle, se fait ici un peu plus dominante, et ce dès le tout début.

Le texte est très fidèle au bouquin, voire pratiquement copié-collé, du moins, pour les passages qu’on a choisi de conserver. Parce qu’en effet, tout comme pour l’adaptation cinématographique d’un roman, plusieurs détails anecdotiques sont laissés de côté. Ceci étant dit, on conserve les réflexions personnelles de Jacob à lui-même qui unissaient si bien le lecteur au protagoniste dans la version écrite et on mise davantage sur l’action qui est mise au premier plan de cette adaptation.

Les francs coups de crayon de l’artiste américaine servent donc davantage l’action que l’émotion, ce qui à mon avis, rajeuni un peu le public visé par la bande dessinée. L’illustratrice nous plonge dans l’action sans perdre de temps à travers un style inspiré du manga japonais. Ainsi, les onomatopées fusent de toute part, les émotions des personnages sont un brin exacerbé, les décors sont des plus épurés et les cases sont disposées de façon irrégulière. Si pour ma part j’ai trouvé la mise en page étourdissante par moment, les lecteurs déjà conquis par l’approche graphique nippone risquent d’être solidement absorbés par cette mise en scène bien singulière.

Somme toute, ce livre en reste un rempli de code visuel qui dirige la lecture et qu’on apprend à apprivoiser dès le tout premier chapitre. On peut entre autres citer les ellipses de temps et/ou de lieux qui sont marqués par des rectangles noir ou blanc qui scindent les cases.

Miss Peregrine et les enfants particuliers

La coloration a également sa signification particulière. Si les premières scènes sont totalement en noir et blanc, une palette chromatique très vive marquera les allées et venues de Jacob dans l’univers parallèle de Miss Peregrine et sa bande. Laissez-moi vous dire que lorsqu’on y arrive enfin vers la fin du deuxième chapitre, ça fait un très grand bien. On a presque l’impression de ressentir cette même bouffée de fraîcheur qui envahit Jacob à la vue de ce monde qu’il recherche depuis les premières pages.

 Miss Peregrine et les enfants particuliers

Miss Peregrine et les enfants particuliers

Petit bémol…

Bien que la mise en place de différentes consignes visuelles par l’auteure soit pertinente, je me demande si les jeunes lecteurs sauront les saisir toutes. C’est pourquoi je propose de diriger vers cet ouvrage un public de jeune adolescent qui n’en est pas à sa première bande dessinée. Pour les lecteurs de BD aguerris, Miss Peregrine risque donc d’être assez rafraîchissante par sa proposition en marge de ce qu’on retrouve majoritairement sur le marché.

Un film à venir

Le réalisateur Tim Burton (Edward aux mains d’argent, L’étrange Noël de Monsieur Jack) aurait acquis les droits de cette franchise pour en faire une version cinématographique. Sur le site de BD Kids, on nous annonce une sortie de l’opus au courant de l’année.

En attendant, le second tome Miss Peregrine et les enfants particuliers T.2: Hollow city est disponible !

Miss Peregrine et les enfants particuliers (ROMAN) et/ou (BANDE DESSINÉE)
Ransom Riggs et Cassandra Jean (adapté du roman du même nom)
Bayard et BD Kids
ISBN (Roman) : 9782747037914
ISBN (BD) : 9782747051699
12 ans et plus.

Pour acheter le roman & la BD, cliquez ici :

Last modified: 2 juin 2015

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Comments

Marie-Eve Hamilton 

Bonjour ! Merci de la merveilleuse découverte, la BD fera probablement partie de mon corpus de maîtrise en littérature… Se faisant, je cherche une façon de savoir si les tomes 2 (et 3) seront également adaptés sous ce format !

Merci beaucoup d’éclairer ma lanterne… (je ne trouve pas l’information et j’en aurais véritablement besoin)

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