« Bonjour Mme Martin ! », dit Jean-François à la mère de son ami lorsqu’elle lui ouvre sa porte. Précédé de ses belles manières, Jean-François entre dans la maison, le dos bien droit, le sourire poli et le cardigan encore bien boutonné. Heureux de se retrouver, son ami et lui promettent de jouer sagement pendant que Mme Martin s’en va au jardin.

« Et si on s’inventait une histoire? », lance, d’emblée, l’un d’entre eux.

On aurait dit - Ode à l'imaginationLa réponse, des plus enthousiastes, ne tarde pas. Armés de courage et transportés par une imagination débridée, les deux amis visitent des îles secrètes et escaladent des montagnes. Ils construisent des châteaux et se défendent contre des ennemis poilus et d’autres venus du ciel. Ils plongent dans une rivière pleine de crocodiles et traversent un désert sans fin.

Délirante et colorée, leur imagination s’enflamme et se répand rapidement dans toutes les pièces de la maison, consumant tout sur son passage. Les rideaux deviennent des capes, les plantes sont renversées, les œufs sont écrasés sur le plancher, la perruche s’envole, la baignoire déborde… le plaisir et le chaos s’amplifient ainsi jusqu’au moment où, de retour du jardin, la plus redoutable des adversaires remet le pied au salon.

On aurait dit : Ce que j’en pense…

Impossible pour moi de lire cette histoire sans entendre la voix de mon garçon scander chacun de ces appels à l’aventure. Il n’y aurait comme seule différence, une petite erreur de grammaire, « on disait que… » clamerait mon fils du haut de ses quatre-ans-trois-quart-presque-cinq !

En terminant le livre, j’avais envie d’avoir à nouveau 5 ou 8 ans, d’être une exploratrice et de bâtir des cabanes dans le salon avec mes enfants. J’avais hâte de le lire avec eux, de les regarder jouer et me raconter leurs histoires à eux. De voir comment, grâce à l’extravagance de leur imagination, ils effacent les limites pour laisser toute la place à l’aventure, au jeu.

Bien que très genrée – deux petits garçons tannants s’imaginent guerriers devant mille épreuves et méchants à combattre alors que la maman, vêtue d’une jolie robe, jardine tranquillement – cette histoire d’André Marois est une ode à l’imagination si fertile de l’enfance. Elle nous rappelle qu’on peut toujours s’inventer des histoires pour dépasser les limites, pour rêver. Que les histoires sont là pour ça et qu’on ne doit pas toujours se prendre au sérieux.

On aurait dit - Ode à l'imagination

Les dialogues, rappelant si bien celui des enfants, sont magnifiquement illustrés par Gérard DuBois. Dès la première image et dans tous les détails qui suivent, on est transportés dans le passé, dans une maison d’une banlieue aisée. Une ambiance tout à fait réussie et parfaitement représentée par le style vintage et pittoresque de l’illustrateur.

On aurait dit : Avec les p’tits

Demandez-leur, à leur tour, d’inventer une histoire et de vous la raconter. Une histoire où tout est possible, même leurs idées les plus abracadabrantes et invraisemblables. Qui en seraient les héros? Où l’aventure se déroulerait-elle? Quels défis les héros devraient-ils relever? Comment y arriveraient-ils?

Leurs histoires pourront être récitées, écrites, illustrées ou même jouées !

On aurait dit
André Marois & Gérard DuBois
Éditions : Comme des géants, 2015
ISBN : 9782924332191

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Last modified: 14 décembre 2015

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