Michaël Escoffier a ce don d’écrire des livres qui sortent des sentiers battus. J’aurais envie de vous citer certains de ses titres que j’adore, mais je vais garder la surprise pour un prochain article. Tralalère et langue tirée !

Cet auteur original a capté l’attention des membres du jury du Prix jeunesse des libraires du Québec avec son album sombre, Le chevalier noir, publié aux Éditions Frimousse. Pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut ouvrir nos œillères, accepter l’inattendu et une part d’interprétation personnelle. Ce n’est pas le genre de livre qui nous donne tout, tout cuit dans le bec.

Bienvenue dans le monde du paradoxe !

PJLQ : Le chevalier noirPuisque je suis d’abord attirée par les illustrations des albums que je lis, j’ai feuilleté celui-ci sans le lire. J’adore le coup de crayon de Stéphane Sénégas. Pourtant, je restais insatisfaite, car j’aurais aimé y voir de la couleur. Tout est si sombre, presque noir. Je me disais que la lecture me justifierait probablement ce choix de palette. En lisant, j’ai été encore plus déstabilisée. En y pensant bien, je crois que c’est exactement le but de l’auteur et de l’illustrateur, sortir le lecteur de son petit confort. Et ils l’atteignent très bien !

Une princesse, du haut de sa tour (qui ressemble drôlement à celle de Raiponce), accueille froidement un chevalier venu lui demander les clés de son château. S’en suit un dialogue cinglant, une escalade de répliques intimidantes, un combat verbal pour prouver qui mettra à exécution sa menace. Car menaces il y a. La dame promet la visite de sa fée transformatrice de chevalier en grenouille et monsieur, l’arrivée de son ogre écrabouilleur de château. Qui dit vrai? Qui bluffe? On ne le sait qu’à la toute fin.

Ce que je pense : Le chevalier noir

À mon avis, les créateurs ont pris tous les livres de princesses, ont dressé la liste de leurs caractéristiques communes, ont fait un gros X dessus et ont décidé de faire tout le contraire. Exit les couleurs arc-en-ciel, la princesse douce et sympathique, le chevalier romantique et l’amour véritable. Ils ont mis du noir, des cris, du chantage et de la chicane. Je ne suis pas une grande adepte des histoires de princesses et j’approuve le fait qu’il faut se départir des clichés liés aux genres. Mais voilà, quand on le fait vraiment, ça bouscule et ça demande un temps d’adaptation ! Je crois que ce livre est parfait pour une discussion profonde avec les enfants. Qu’aimes-tu des livres de princesses? Comment réagis-tu à celui-ci? Quels devraient être nos modèles? La princesse et le chevalier de l’histoire sont-ils de bons modèles? Et ceux des livres que tu lis habituellement? Pour ma part, je ne crois pas que ni un, ni l’autre ne le sont. Alors, quel personnage serait un bon modèle?

PJLQ : Le chevalier noir

La typographie utilisée dans l’album permet de savoir facilement quel personnage a la parole, italique pour la demoiselle, plus appuyée pour le chevalier. Il est donc simple d’en faire une lecture à deux voix. Et pourquoi ne pas pousser le concept et d’échanger les rôles? Le garçon interprète la princesse et la fillette, le chevalier !

On peut aussi utiliser cette histoire pour jaser de résolution de conflits. L’escalade de la violence se vit souvent à petite échelle dans nos classes et nos familles. La dernière illustration explique bien les conséquences de comportements destructeurs et agressifs. Vous pouvez donc intégrer cet album finaliste à une période d’Éthique et culture religieuse (ECR) !

Finalement, après l’avoir tourné dans tous les sens, l’avoir lu et relu, d’avoir consulté Anabelle et ma libraire préférée, je suis heureuse de vous partager les fruits de mes réflexions. Ça vaut la peine de creuser pour faire de belles découvertes !

Le chevalier noir
Michael Escoffier & Stéphane Sénégas
Éditions : Frimousse, 2014
ISBN : 9782352411888
6 à 12 ans

Pour vous procurer cet album finaliste du PJLQ (volet Hors Québec, 6-11 ans), cliquez ici :

pjlq affiche

*** Les p’tits mots-dits sont fiers d’être partenaires du Prix jeunesse des libraires du Québec pour sa 5e édition. ***

Last modified: 24 septembre 2015

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