La première minute de Mathieu est une ode à la vie. À celle qui commence alors qu’on est déjà sur Terre depuis un moment. À celle qu’on choisit, malgré les difficultés, les blessures, les doutes, les peines.

Des Mathieu, j’en ai rencontrés plusieurs depuis que j’ai entamé mon cursus académique et professionnel en psychoéducation. J’en ai connu en Centre Jeunesse, en milieu familial, en garderie, en milieu scolaire, en organisme communautaire soutenant les jeunes décrocheurs.

Des fois, aussi, ce sont des « elles ». Des petites d’à peine 10 ans qui ont un bagage lourd à porter sur leurs frêles épaules, leur fragile corps qui n’a pas encore fini de grandir.

Des Mathieu qui oublient qu’ils sont importants, qu’ils sont aimés, bien que maladroitement.

Des Mathieu qui ont des parents blessés et blessants, parfois.

Des enfants qui ne croient plus que demain sera meilleur, qui ne veulent même plus penser à demain tellement ils se sentent prisonniers d’aujourd’hui.

La première minute de Mathieu : une ode à la vieAvec une tendresse infinie, Gilles Tibo trace le portrait de son Mathieu, qui a un père et une mère fragilisés par la vie, qui fragilisent leur fils en retour. Des parents séparés que Mathieu ne reconnaît plus. Des parents qui, croient-ils, ne remarqueraient même pas sa disparition, ou si peu.

C’est que Mathieu pense à se faire disparaître dans la rivière, ce même endroit où il fait disparaître les babioles données par sa mère, qui ne sait pas lui donner de câlins ni de bisous.

 

Sur la 4e de La première minute de Mathieu :

« Je fais des bêtises pour qu’on s’occupe de moi.
Je piétine la télécommande de mon père. Il en achète une autre.
Je brise un pot de fleurs chez ma mère. Elle ne me gronde même pas.
Dans la classe, je passe de longs moments à regarder les nuages. Après le troisième avertissement de mon professeur, je prends le chemin de l’orthopédagogue.
Je lui réponds ce qu’il veut entendre. “ Oui, oui, tout va bien dans ma vie… ” Je garde mon secret pour moi. »

Ce livre est poignant, criant de vérité, aussi. La dépression chez les enfants, les idéations suicidaires chez ceux-ci sont présentes, bien que pour une minorité d’eux (moins de 10%, heureusement).

Les mots de Gilles Tibo permettent de ressentir ce que Mathieu ressent : sa détresse, son désespoir et son désarroi.

Parce que souvent, il faut arriver à comprendre de l’intérieur une personne pour arriver à l’aider.

La première minute de Mathieu
Gilles Tibo & Suana Verelst
Éditions : Soulières Éditeur, 2013
ISBN : 9782896072200

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La boite à pitons - Lecture créative

Last modified: 16 septembre 2016

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