La petite Colette, avec son imperméable jaune et ses bottes de pluie, se trouve en mal de compagnie. Elle vient d’emménager dans le quartier Mile-End de Montréal, dans une maison avec cour donnant sur la ruelle Clark. Quand on la rencontre, elle tempête en descendant justement dans cette cour, où il n’y a que grisaille. Un parent, sans doute bien occupé aux corvées de circonstance, vient de lui signifier « Non, Colette! Pour la dernière fois, PAS D’ANIMAL DOMESTIQUE! », et de l’inviter à aller plutôt explorer son nouveau quartier. Pour se défouler, elle donne un coup de pied dans une des boîtes de déménagement amoncelées sur le parterre, ce qui projette la boîte de l’autre côté de la clôture et fait s’envoler l’oiseau perché sur un barreau. Voilà ce qui est à l’origine de la fantastique aventure qui s’amorce alors.
L’oiseau de Colette
Une ruelle où « En jouant, tout devient plus amusant…! »
En ouvrant la porte de la clôture, Colette se retrouve dans la ruelle, devant deux garçons et leur ballon de soccer. Comme ils l’interrogent sur ce qu’elle fait, un peu gênée, elle invente qu’elle a perdu son animal de compagnie, qui se trouve à être un oiseau… une perruche, dit-elle. Les enfants offrent tout de suite de l’aider à la chercher en allant voir une fillette susceptible d’apporter une contribution à la recherche. À son tour, cette dernière suggère d’aller voir un autre garçon qui pourrait s’impliquer à sa façon, et ainsi de suite, d’un copain ou d’une copine à l’autre. On note qu’à l’arrivée du groupe, chacun des voisins est déjà en train de bien s’amuser dans sa cour, soit à regarder un ver de terre à la loupe, écouter le bruit de la mer dans un coquillage, lire, dessiner ou actionner des voitures téléguidées.
Abandonnant sitôt son loisir, chaque enfant s’intéresse vivement à cette perruche, questionnant Colette pour lui faire donner plus de précisions sur son oiseau, et usant d’inventivité pour réussir à le trouver. Au fil des rencontres et des questions, la perruche prend vie et atteint des proportions considérables dans l’histoire que leur raconte la fillette. Elle lui attribue d’abord des couleurs, bleu avec un peu de jaune, un nom, Elizabeth comme la princesse, euh… la reine, une langue, l’anglais, « Of course! », puis elle va jusqu’à relater plusieurs voyages qu’elle a faits sur son dos, de par le vaste monde, alors que l’oiseau avait « grossi, grossi… grossi encore! ». Comme on peut le constater, Colette se fait rapidement prendre à son propre jeu, et grâce au charme contagieux de son imagination sans bornes, elle entraîne une à une dans ce jeu chaque nouvelle connaissance, qui décide de prendre une part active à la recherche.
Une ruelle illuminée de compagnie
Ainsi, notre héroïne a trouvé la compagnie qui lui faisait défaut au début du livre. D’abord, avec cette perruche « vraiment FABULEUSE » qu’elle a inventée de toutes pièces, la « meilleure compagne qu’on puisse imaginer », SA compagne! Elle a beau être imaginaire, Colette en est bien fière!
Mais mieux encore, avec les sept nouveaux amis bien réels de sa ruelle, pour qui elle devient en quelque sorte, grâce à sa candeur et à sa créativité, un rayon de soleil. D’ailleurs, plus on avance dans l’histoire et que la vie embellit dans la tête de Colette, plus le jaune et le bleu viennent égayer la grisaille du début. Les pages de garde de l’album témoignent également de cette progression. On y voit, toutes représentées en bleu, les cours des voisins de la ruelle, où l’on reconnaît certains objets vus chez tout un chacun, et en jaune comme son imper, celle de Colette. Soleil radieux dans un ciel sans nuages!
Pour continuer de s’amuser avec la bande de la ruelle
L’équipe de Livres ouverts a pensé à d’intéressantes pistes à explorer avec les enfants après lecture de L’oiseau de Colette. Parmi celles-ci, outre des activités créatives, il y a des discussions autour du mensonge versus la fantaisie, ainsi que des échanges sur le plaisir de jouer avec des amis de son quartier.
Par ailleurs, cette BD, superbement réalisée par Isabelle Arsenault et destinée aux 4 à 8 ans, aura une suite chez La Pastèque! L’éditeur nous l’apprend à la fin du livre, signalant que les suivants mettront tour à tour en scène chacun des personnages de La bande du Mile-End (c’est le nom de la série), et que chaque volume apportera de nouvelles aventures, d’autres couleurs et des univers propres à la personnalité de chacun. Donc, encore beaucoup de plaisir à venir avec la bande du quartier!
Mais en attendant…
Commencez par vous laisser séduire par L’oiseau de Colette et faites-en profiter « tous les enfants des villes qui illuminent les ruelles de leur imagination débordante… » (à qui l’auteure le dédicace). C’est un album empreint de poésie et de tendresse, qui rend un bel hommage aux amitiés d’enfance, à la solidarité, au jeu ainsi qu’à la fantaisie. Récompensé du Prix jeunesse des libraires du Québec 2018, le livre est aussi paru en anglais sous le titre : Colette’s Lost Pet. Ah oui, et je voulais dire également : Amis ornithologues, si jamais vous apercevez l’oiseau de Colette au hasard d’une randonnée, dépêchez-vous de bien observer cet oiseau rare, et de le recenser!
L’oiseau de Colette
Isabelle Arsenault
Éditions : la Pastèque, 2017
ISBN : 9782897770150
Pour les enfants de 4 à 8 ans
LISEZ ÉGALEMENT NOTRE BILLET : L’enquête secrète de la ruelle : la photo au service d’une histoire
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