Lire à un enfant, même très jeune, lui donne une longueur d’avance dans la vie. Je ne lance pas d’hypothèse avec ces mots, je partage un fait. Comment ne pas tout faire, alors, pour porter nos enfants plus loin, plus haut?
Il existe bien des raisons d’encourager les grands à lire aux petits. Les preuves sur les divers bienfaits de la lecture ne cessent de se multiplier. Déjà, des données empiriques établissent le lien entre les enfants à qui on fait la lecture et ceux qui démontrent de meilleurs résultats scolaires. Des preuves scientifiques se sont récemment ajoutées au lot. Peut-être pourront-elles convaincre les plus dubitatifs?
La biologie de la lecture
Des chercheurs de l’hôpital pour enfants de Cincinnati, aux États-Unis, ont confirmé, à l’aide de résultats d’imagerie à résonnance magnétique (IRM), les bienfaits fondamentaux de la lecture sur le développement du cerveau des enfants1.
Selon le Dr. Thomas DeWitt, directeur du service de pédiatrie de l’hôpital, cette étude serait la première à confirmer l’impact biologique de la lecture sur le fonctionnement du cerveau lors de la petite enfance. Chez les mini sujets régulièrement exposés à la lecture, les résultats d’IRM démontraient que les zones du cerveau utiles à la compréhension narrative et à l’imagerie visuelle étaient particulièrement actives.
L’étude vient donc renforcer l’importance de faire place à des moments de lecture tôt dans la vie de l’enfant. L’enfant qui grandit entouré de livres (et de parents et enseignants pour l’initier à la lecture), présente de meilleures habiletés de lecture et de compréhension – une habileté qui lui sera bénéfique toute sa vie, bien au-delà de son parcours scolaire.
Comme si chaque livre lu avec un enfant écartait un nuage pour mieux éclairer son chemin vers l’avenir. Un avenir avec un ciel brillant de mille rayons pour mille livres lus en cours de route.
Parce que lire, c’est bien plus que d’associer des lettres à des sons. Lire, véritablement, c’est être capable de comprendre un texte et son contexte, ce n’est pas simplement reconnaître les mots qui s’alignent sur une page.
On estime qu’au Québec, environ la moitié de la population n’atteint pas le seuil de littératie souhaitable pour fonctionner correctement dans notre société.
« C’est quelque chose qui devrait faire l’objet d’une mobilisation nationale, mais n’oubliez pas aussi qu’il y a probablement 49 % des gens qui ne sont pas capables de lire sur le sujet. Et donc de s’en offusquer », soulève le philosophe en éducation, Normand Baillargeon, tel que cité dans un article du Huffington Post au sujet de l’analphabétisme2.
Est-ce que ces nouvelles données scientifiques intéresseraient monsieur le premier ministre Couillard? A-t-on plus de chances de se faire entendre en s’adressant au médecin – en lui parlant biologie, en lui présentant des résultats d’IRM – plutôt qu’au politicien censé nous représenter?
Si le premier ministre n’entend pas nos voix, s’il ne lit pas nos mots, s’il ne voit pas nos gestes, nos bras qui s’enlacent autour de nos écoles, peut-être le neurochirurgien comprendra-t-il ce langage médical, peut-être décodera-t-il ces images de petits cerveaux allumés? Ces jeunes cerveaux rayonnants qui deviendront adultes, ces enfants qui deviendront des humains aptes à comprendre et à s’investir, des citoyens aptes travailler et donc à rapporter à une société qu’on dit nôtre.
Selon une étude de Statistique Canada parue en 2004, une hausse de 1% de la littératie globale entrainerait une augmentation de 32 milliards de dollars du revenu total des Canadiens. Et ce serait vrai pour chaque tranche de 1%2.
Investir dans la lecture à la petite enfance, c’est offrir aux jeunes cerveaux la chance de mieux se développer.
La lecture est rentable. Et ce n’est pas que moi qui le dis. Il y a des philosophes, des économistes et maintenant des biologistes qui l’affirment.
1-http://neurosciencenews.com/mri-early-reading-brain-activity-1996/