Coming out : j’ai le manga difficile. Pas que j’y sois fermé, mais disons que je suis rarement touché par ce genre d’ouvrage souvent trop manufacturé et rose bonbon à mon goût. De grands yeux, écarquillés, faits à la chaîne. Des scénarios si fantastiques qu’un goût de guimauve vous envahit soudainement la bouche et l’estomac. Et là, je ne parle même pas de la sélection plus «mature»…
Remplis de préjugés le chroniqueur BD sur Les p’tits mots-dits vous dites? Oui, tout à fait. Par contre, le même gars sait également que c’est très vilain d’en avoir et c’est pour ça qu’il est entré chez Manga-Thé pour une première fois cette semaine.
Voilà maintenant 4 ans et demi que le commerce a pignon sur la rue St-Denis alors que ses voisins, eux, ouvrent et ferment au gré du temps. En y entrant, vous y serez accueillit pas Robert-Louis, propriétaire de l’endroit. Ce sympathique Belge d’origine est un véritable passionné de littérature nippone et de la culture qui s’en suit. Voulant faire voyager sa passion au Québec, il s’est donné la mission de faire découvrir le manga à ceux qui n’en connaissent rien. En compagnie de Fanny, sa tout autant disponible collègue, j’ai pu y défaire mes idées préconçues et voir l’horizon par-delà les chemins pavés par Sailor Moon et les Pokémon. Agacé par l’utilisation du mot «manga» parce que justement trop étroit et galvaudé, Robert-Louis préfère parler de bande-dessinée japonaise. Cette précision ne fut que la pointe de mon éducation puisqu’une fois la glace brisée, le gentil barbu prit le temps de m’expliquer le fonctionnement l’établissement comme on accueille un invité dans sa propre maison.
À l’achat d’un thé, on vous donne le droit de lire les ouvrages de votre choix parmi la sélection qui recouvre les murs de l’endroit. Et du choix, il y en a pour les fins, les fous, et tout ceux qui se trouvent entre les deux. Tous les livres sont également à vendre et on vous offrira le thé si vous achetez trois ouvrages ou plus.
Sachez que Manga-Thé accueille également les groupes de sortie scolaire à concurrence de 15 élèves maximum, compte tenu de l’espace disponible. Comme il y en a pour tous les goûts et surtout, tous les âges, les conseillers présents sur place vous guideront afin d’éviter que des bouquins un peu trop graphiques ne tombent entre les mains de vos jeunes.
Justement, voici quelques bijoux jeunesse que m’a suggérés mon nouvel ami belge :
Chi, une vie de chat – Kanata Konami
(6 ans et plus)
Chi, un chat errant a perdu sa famille. Poursuivant son périple urbain jusqu’à la banlieue, il y fera la rencontre d’une famille qui l’adoptera et deviendra la sienne. La diction de Chi rappel le zozotement de Calimero qui ne manque pas de nous faire sourire. Le bouquin est séparé en très courts chapitres qui se lisent bien avant le dodo.
Kamisama, la mélodie du vent – Keisuke Kotobuki
(6 ans et plus)
Cette Alice au pays des merveilles japonaise régalera vos yeux par son approche graphique près de la peinture ainsi que par ses couleurs très vives. Une économie de mots dirige le regard du jeune lecteur vers des images qui nous portent merveilleusement bien. L’illustrateur que je suis était ébahi devant l’efficace légèreté des coups de pinceau de Kotobuki.
Kenshin le vagabond – Nobuhiro Watsuki
(10 ans et plus)
En 1878 à Tokyo, alors que le port du sabre dans la rue est devenu interdit, l’assassin professionnel Battosaï Himura devenu un vagabond voyageant sans but se voit arrêté pour port d’arme. Traînant pourtant désormais un sabre à lame inversé et qui donc, n’est plus fatal, celui-ci sera déchiré entre ses racines et une possible rédemption. Coup de coeur pour le mouvement qui nous balance d’une case à l’autre et surtout pour la valeur pédagogique de cette série. On nous y explique des termes de la langue d’origine de l’ouvrage ainsi que quelques notions d’histoire. Bien sûr, des scènes de combat classiques où quelques traits d’hémoglobine gicleront sont à prévoir, mais le tout demeure somme toute justifié.
Pour finir, Robert-Louis s’est senti inspiré par le contenu sur Les p’tits mots-dits et m’a présenté ceci :
Le Maître des livres – Umiharu Shinohara
(8 ans et plus)
C’est l’histoire de Mikoshiba, propriétaire myope d’une librairie spécialisé en livres jeunesse. Ce dernier connu pour son caractère particulier accueille de nombreux enfants venant vers lui pour trouver une source de rêverie et d’espoir dans ses bouquins. C’est ainsi qu’on fait connaissance de l’homme qu’on appelle avec raison «le sommelier du livre pour enfants».
Pour les heures d’ouverture et un aperçu plus pointu de catalogue de Manga-Thé, consultez leur site web en cliquant ICI.
Manga-Thé
2011 Rue Saint-Denis,
Montréal
514-439-9339
Comments
J’ai vraiment envie de lire « Le maître des livres », merci!