Combien de fois voyons-nous dans la littérature jeunesse des auteures et auteurs revisiter à leur manière les contes traditionnels des frères Grimm, de Charles Perrault ou même d’Andersen? Combien de fois Cendrillon, Blanche-Neige, le Petit Chaperon rouge, etc., devront-ils revivre leur histoire féerique pour notre bon plaisir? Selon la réaction des enfants, un nombre infini de fois ! En effet, ces histoires extraordinaires ne semblent jamais prendre de l’âge : malgré leur apparence archaïque, ces récits recèlent en soi un caractère merveilleux et magique qui sublime notre imaginaire et éveille notre cœur d’enfant tout en nous inculquant, bien évidemment, une morale accessible et très instructive. Mais même si on aime parfois se faire raconter la même histoire mille et une fois, on aime aussi de temps en temps se faire surprendre lors de notre lecture… Et c’est ce que j’ai découvert avec Daniel Laverdure dans sa série de miniromans portant sur les contes traditionnels et mettant en vedette Maxime, un personnage aussi excentrique que curieux !
Maxime au pays des contes de fées
« Non, vraiment, là c’est trop. Je ne peux pas laisser ça comme ça, je dois intervenir ! »
Maxime a 10 ans. Malgré son âge avancé, il est traité comme un enfant plus jeune par son impatiente grand-mère qui ne cesse de le punir et de le confiner dans une chambre qui n’est pas sa chambre. Dans celle-ci, aucune distraction, sauf un vieux livre poussiéreux regorgeant de contes anciens aux personnages tous plus sots les uns que les autres – c’est lui qui le dit ! Mais voilà qu’un jour, une fée marraine ivre (oui, ivre !) atterrit au porche de sa fenêtre et lui offre d’exaucer un de ses souhaits. Et quel souhait pensez-vous que Maxime énonce? « Tout ce que je voudrais, c’est changer les histoires idiotes dans ce livre ridicule qui n’a pas d’allure. » C’est ainsi que Maxime sera doté du plus incroyable des pouvoirs, soit de modifier l’histoire en cours et de lui prodiguer une fin plus logique – enfin, c’est ce qu’il croit ! Et le changement sera radical, croyez-moi : Les trois p’tits jambons, Le petit Pousset, Le Petit Capuchon rouge, Centgrillons… Personne ne sera épargné. Faites attention les contes de fées, ça va faire mal !
Une magnifique collection pour nous faire rigoler !
Publié chez Soulières éditeur dans la collection Ma petite vache a mal aux pattes, les cinq titres de la série conçue par Daniel Laverdure nous surprennent par leur originalité et leur ton franchement désinvolte. À l’image de l’auteur, cette collection déjantée ne ressemble en rien aux autres miniromans que j’ai eu la chance de lire ces dernières années. En plus d’avoir un humour convenant à tous les âges – autant pour les enfants que les adultes –, ces livres proposent un éventail de personnages tous aussi attachants pour leur personnalité que pour leur candeur d’esprit !
Si Daniel Laverdure campe parfaitement ses histoires au sein d’un monde dont lui seul est capable d’imaginer, les illustrations d’Annie Rodrigue, elles, les dépeignent avec brio. Depuis l’album Millie Rose, j’admire le travail de cette illustratrice : ses dessins chaleureux et emplis d’une joyeuse naïveté représentent avec charme des décors enchanteurs truffés de personnages mignons aux traits joufflus. Annie Rodrigue réalise ici un travail de maître en mettant en scène les moments cruciaux du livre, mais aussi en donnant vie au récit rocambolesque de l’auteur. Un mélange des univers qui, au final, rapporte gros et divertira parfaitement les petits comme les grands !
Des miniromans qui nous en disent plus sur la composition d’une histoire
Ce qui est bien avec cette série, c’est qu’on en apprend aussi énormément sur ce qui compose une bonne histoire, l’auteur ne cessant de jouer avec les règles du schéma narratif pour semer confusion et hilarité tout au long de la lecture. Il arrive ainsi fréquemment que Maxime fasse remarquer des détails ayant échappé au lecteur. Pourquoi, par exemple, le Grand Méchant Loup ne dévore-t-il pas tout de suite le Petit Chaperon rouge la première fois qu’il le voit? Parce que sinon, il n’y aurait aucune intrigue ni suspense rétorque le Loup ! Ainsi, les personnages ont tous conscience d’être dans une histoire, et c’est ce qui rend l’aventure encore plus rigolote !
En classe, il pourrait être amusant de remarquer tous ces écarts au récit initial avec les enfants. Par exemple, quelles différences remarquent-ils dans Les trois p’tits jambons par rapport au conte traditionnel? Et les ressemblances? Est-ce dû à l’intervention de Maxime ou est-ce un hasard? Cet exercice pourrait aussi devenir une excellente occasion pour les enfants de recréer un conte classique. En effet, s’il avait les pouvoirs de Maxime, quelle histoire voudrait-il changer, et comment? Rassemblez toutes les réponses obtenues à la fin. Collent-elles au conte initial, ou divergent-elles complètement? Cette activité constitue selon moi une belle prémisse pour créer à son tour ses propres histoires, et les enfants aimeront à coup sûr avoir enfin leur mot à dire dans des histoires qu’ils connaissent très bien !
Et voici le petit dernier : Blanche-Beige et les sept nouilles
En octobre dernier paraissait l’avant-dernier tome de la série : Blanche-Beige et les sept nouilles. Le miniroman aborde évidemment la classique histoire de Blanche-Neige de manière intéressante. Ici, changement d’illustrateur : c’est Jean Morin qui a l’honneur de représenter les aventures de Maxime dans l’univers des frères Grimm ! Malgré ce changement, le ton reste toujours aussi désinvolte et déjanté que dans les autres livres. Une pure merveille qui, vous le constaterez rapidement, nous fait voir la véritable histoire de Blanche-Neige, et non celle que l’on connaît grâce aux studios Disney…
Déjà je termine ce dernier livre que j’en redemande encore. À quand la prochaine parution?
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