Je suis une fan finie des Nombrils de Delaf et Dubuc. À partir d’ici, mon lectorat se divise : d’abord, il y a celles et ceux qui en ont déjà entendu parler – avec près de deux millions d’albums vendus, possible – mais sans plus; ensuite, il y a les gens comme moi… et celles et ceux qui grimacent.
« Est-ce que Les Nombrils peuvent être une mauvaise influence pour mes ados? » Honnêtement, j’espère que celles et ceux qui se posent cette question n’ont jamais ouvert l’un des sept tomes de la série. Croire que notre sage progéniture pourrait aspirer à devenir aussi méchante que Vicky ou encore se mettre à déambuler dans les rues avec le look vulgaire cliché de Jenny. On ne vous a jamais dit de ne pas juger un livre par sa couverture?
Delaf et Dubuc lors de leur passage dans les studios de CIBL le 12 octobre dernier, tout juste avant le lancement du tome 7, Un bonheur presque parfait. Pour écouter l’émission en balado cliquez ICI.
Exit le roman miroir
Oh, je ne vous ferai aucune cachotterie, non plus : les pages des Nombrils ne sont pas toujours douces. Même avec une ouverture d’esprit que j’ose croire assez grande, il m’arrive souvent de lire une case et d’émettre un « ospri que c’est trash ! » avant d’éclater de rire. L’humour noir y a sa place, et il est maîtrisé à la per-fec-tion. C’est quand on me balance des trucs auxquels je n’aurais jamais pu penser que la littérature me séduit le plus, que j’en veux d’autre; c’est la même chose pour vos ados. Si le « roman miroir » était au top en 1980, je pense qu’on peut définitivement passer à autre chose et lâcher la main de nos jeunes, aujourd’hui.
À l’adolescence, je ne vous apprends rien, on ne veut pas se faire dire quoi faire, quoi penser, quoi lire; du cynisme, on est capable d’en prendre. Comme il est tout à fait possible de composer avec des thématiques sérieuses et importantes (dans le cas des Nombrils les problèmes familiaux, l’homosexualité, l’estime et affirmation de soi) aussi. Si, pour une raison ou une autre, vous croyez que l’esprit critique de vos enfants – qui se développe à la puberté – n’est pas assez aiguisé, alors j’oserai effrontément vous suggérer de leur faire d’avantage confiance.
Les Nombrils : L’idiotie au service de l’intelligence
Il semble qu’on l’ait répété et répété sans cesse : Delaf et Dubuc jouent avec l’ironie et l’exagération pour faire une critique du superficiel. Et il semble, malheureusement, que ce ne soit pas assez pour convaincre les sceptiques; tant pis. Pourtant, on n’a pas un meilleur exemple que le dernier tome où les trois amies, qui ont incroyablement évolué depuis Pour qui tu te prends? sorti il y a bientôt 10 ans, sont en quête de leur véritable bonheur. Pas si simple, n’est-ce pas? Voilà. En mettant en scène l’absurdité et l’idiotie, qu’on côtoie tous les jours, Les Nombrils se révèle comme l’une des séries les plus intelligentes du paysage de la bande dessinée jeunesse.
Les Nombrils, T.7 : Un bonheur presque parfait
Delaf & Dubuc
Éditions : Dupuis, 2015
ISBN : 9782800163536
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