Selon la journaliste Mona Chollet, dire à une femme aujourd’hui : « Il n’y a rien de mal à vouloir être belle. » revient à dire à un alcoolique au bord du coma éthylique qu’un petit verre de temps en temps n’a jamais fait de mal à personne. Il n’y a pas à dire, cette image saisit.

Alors que, pour certains philosophes, la beauté « sauve » en magnifiant notre quotidien, il y a fort à parier que l’idée de la beauté formatée par l’industrie de la mode et des produits cosmétiques risque, au contraire, de mener à la perte.

En effet, les défis beauté et minceur qui gagnent en popularité, tels que le #A4WaistChallenge ou le thigh gap, ont de quoi inquiéter. Cette volonté de correspondre à des critères de beauté inatteignables fait perdre en vain beaucoup d’énergie à un grand nombre de femmes et de filles. Plus encore, cette quête est fort dangereuse pour leur santé physique et mentale.

Voici donc trois suggestions de livres pour toutes celles et tous ceux qui en ont assez et veulent narguer tous ces « vilains » clichés !

Des suggestions pour les enfants, les préados et les ados !

J’aime PAS être belle

J'aime pas être belle - 3 histoires pour contrer les clichés sur la beauté« J’aime PAS être belle, mais tous les jours avant d’aller à l’école, maman vérifie si : ma robe est bien repassée, mes cheveux sont bien coiffés, mes collants bien tirés, mes chaussures bien cirées. Le pire, c’est le jour de la photo de classe. », raconte la jeune héroïne de cet album.

La maison d’édition féministe Les talents hauts (Tania en a déjà parlé ICI) présente ici l’histoire de cette pétillante fillette pour qui il est embêtant d’avoir comme seule ambition d’être jolie. Puisque cette dernière en a marre d’être comme « un chihuahua à qui on gratouille la tête », elle s’en donne ainsi à coeur joie dans la classe et dans la cour d’école. La boue et la peinture sont son royaume !

À la fin d’une journée bien mouvementée, elle répond à sa mère effarée devant la photo de la classe qu’elle lui remet : « moi, ça me plaît, parce que, sur cette photo c’est moi pour de vrai. ». L’authenticité à l’état pur !

J'aime pas être belle - 3 histoires pour contrer les clichés sur la beauté

J’aime pas être belle
Stéphanie Richard & Gwenaëlle Doumont
Éditons : Talents Hauts, 2016
ISBN : 9782362661471
4 ans et +

Pas belle

Je vous avertis, la lecture de l’album Pas belle ne vous laissera pas indemnes.

Papa dit que je suis belle…
Moi, je sais que ce n’est pas vrai.
Il dit ça parce qu’il m’aime,
mais moi je vois bien
que je ne suis pas très jolie.

Pas belle - 3 histoires pour contrer les clichés sur la beautéLe texte poignant de Claude K. Dubois nous plonge dans les réflexions existentielles d’une jeune « ado-naissante » qui prend peu à peu conscience du décalage existant entre le reflet que lui renvoie son miroir et les images des filles qu’elle voit dans les magazines. Un peu comme Vanessa que tout le monde adore dans sa classe… et qui a tout ce qu’elle veut.

Elle en vient alors à se demander si elle ne serait pas plus aimée et respectée en ayant un plus joli visage : « Est-ce que Papa et Maman m’échangeraient contre une plus belle petite fille? ». Heureusement, son papa trouve les mots adéquats pour la réconforter : « Il dit que mon visage est un pays à découvrir. On y trouve son coin à soi, que personne ne connaît. ».

Le récit, en fragments, est tissé d’une poésie brute que les illustrations enveloppantes, aux couleurs pastel, mettent adroitement en valeur. Voilà un album duquel émane beaucoup de douceur et de tendresse, mais qui aborde, en même temps, un sujet épineux avec beaucoup d’intelligence !

Pas belle
Claude K. Dubois
Éditons : l’école des loisirs, 2008
Collection Pastel
ISBN : 9782211092067
8 ans et +

Les petites reines 

Je découvre tout juste l’auteure pour la jeunesse Clémentine Beauvais avec ce roman (suggéré par Rhéa ICI), mais je peux vous assurer que ce ne sera pas la dernière fois que je lirai ses écrits.

Les petites reines - 3 histoires pour contrer les clichés sur la beautéMireille, Hakima et Astrid sont élues « boudins de l’année », concours cruel qui consiste à « couronner » les filles ayant le physique le plus ingrat du lycée. L’aînée, Mireille, qui n’est pas pour la première fois lauréate de ce terrible concours, prend sous ses ailes les deux petites nouvelles.

L’humour mordant de Mireille permet d’aborder finement la question de la beauté. L’adolescente, avec un sens de la répartie tranchant, revendique et subvertit l’insulte dont les jeunes filles sont affublées. Pas question pour elle de s’apitoyer sur son sort !

– Je ne comprends pas pourquoi vous vous entêtez à revendiquer ce nom de Boudins ! s’offusque Maman. C’est un mot horrible.
– On le rendra beau, tu vas voir. Ou au pire, on le rendra puissant.

Lorsque les trois jeunes filles découvrent que leurs destins s’entrecroisent, elles s’engagent dans un voyage en vélo épique qui les mènera à Paris pour la fête du 14 juillet et, coup de maître, elles financeront leur voyage en vendant… des boudins !

Si vous croyez que les « boudinettes » se transformeront en jolies princesses à la fin du récit, vous serez déçu.e.s. Les trois jeunes filles ressortiront néanmoins grandies de cette aventure. Elles apprendront à s’affranchir de la servitude des apparences. Elles ont, certes, des boutons et des petits seins pendants, mais ça ne les empêche pas de vivre de folles aventures et de forger de solides amitiés.

Les petites reines
Clémentine Beauvais
Éditions : Sarbacane, 2015
ISBN : 9782848657684
13 ans et +

Se dégourdir les neurones : la beauté, ça rime avec quoi ?

Ces différentes histoires abordent la question de la beauté sous différents angles : l’identité et l’authenticité, l’amour et l’affection que l’on reçoit des autres ainsi que l’acceptation de soi. Bien qu’il soit question de la beauté physique, et plus particulièrement de la beauté associée à une logique marchande et consumériste, il est bien, en terminant, d’ouvrir la réflexion en envisageant les différentes formes que la beauté peut revêtir.

Pour ce faire, je vous invite à porter attention aux dédicaces de l’album J’aime PAS être belle :

À Gwenaëlle,
qui est belle comme un hirondelle spirituelle en saroual.
S.R.

À Stéphanie,
qui est belle comme une chenille.
G.D.

Le beau des mots qui enflamment notre imagination, tout comme la splendeur sauvage d’une chenille, nous rappelle que la beauté est gratuite et qu’elle naît souvent dans l’oeil de celle ou de celui qui sait être attentive-if.

Avec les enfants, cherchez le beau – gratuit, sauvage, délicat, fou, offert-  qui vous entoure. Il y a fort à parier que les enfants en ont long à nous apprendre sur le sujet.

++ Je vous invite à lire également l’excellent billet de ma collègue Tania qui présente 10 livres avec des modèles féminins inspirants !

Ce sujet vous tient à coeur ? Procurez-vous ces livres essentiels dès maintenant :

Last modified: 8 novembre 2016

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