Entrevue avec François Gravel

[ Entrevue avec François Gravel pour CAMPAGNE POUR LA LECTURE. ]

Durant le Salon du livre de Montréal 2014, j’ai a eu le grand bonheur de m’entretenir avec François Gravel, auteur d’une magnifique série dont le tout dernier s’appelle Bienvenue à Wawa! tout plein d’histoires sur les noms des lieux. J’ai voulu en savoir plus sur les origines du projet et sur lui-même !

Anabelle : D’où vous vient l’idée de cette série ?
François : Le premier tome traite de l’étymologie. Depuis l’enfance je me demandais pourquoi une table s’appelle « table »? Pourquoi une main s’appelle « main »? Pourquoi pas « plouk » ou n’importe quoi d’autre? Chaque fois que j’ai appris l’étymologie d’un mot je me disais, pourquoi ne pas faire un livre qui explique aux jeunes enfants d’où viennent les mots. C’était destiné à un lectorat de 10-12 ans parce qu’à cet âge ils ont l’intérêt pour l’histoire et sont curieux. Je n’avais pas encore en tête d’en faire une série. Puis m’est venue une idée pour un second et à partir de là, j’ai trouvé mon rythme. Je me suis dit, essayons de faire des documentaires amusants qui ouvrent sur l’histoire avec une touche d’humour.

A : Écrivez-vous pour la jeunesse pour garder votre cœur d’enfant ou c’est l’enfance qui ne vous a jamais quitté?
Entrevue avec François Gravel
F : Je me suis moi-même demandé pourquoi j’écrivais tant pour les enfants. Pour un auteur jeunesse, ce n’est pas important d’avoir ou non des enfants. Ce qui est important, c’est d’avoir le souvenir de son enfance, par exemple, je me souviens très bien ce qui me faisait rire ou encore le genre de livre que j’aimais. J’écris pour l’enfant que j’étais. Aussi, je crois que l’enfance est une série d’épreuves d’où l’on peut ne pas toujours en sortir indemne. J’écris donc pour consoler l’enfant que j’étais. Plus jeune, je lisais Spirou et Tintin, il y avait de la couleur il y avait de la fantaisie dans un monde qui était encore en noir et blanc. Ça m’a sauvé en quelque sorte. Lire a été une révélation; on pouvait être quelqu’un d’autre. Je me souviens quand j’avais environ 7-8 ans, Hergé était en train de dessiner Tintin à la télévision et je me disais, cet homme-là, son travail c’est d’inventer les aventures de TintinLe Trésor de Rackham le Rouge, il avait ça dans sa tête ! J’étais absolument fasciné par tout ça et aujourd’hui je réalise que c’est un privilège d’écrire des livres pour enfants.

J’ai d’abord commencé par faire des romans pour adultes et un jour, mon fils qui avait 8 ans à l’époque m’a dit : « Pourquoi papa tu n’écrirais pas des livres que je peux lire moi aussi? ». Je me suis dit, c’est bien vrai, pourquoi pas? Je me suis rappelé du plaisir que j’avais à lire à cet âge-là. Je lisais déjà plein de livres à mes enfants, dont ceux de Roald Dahl que je trouvais vraiment bons. Je me suis dit, pourquoi ne pas essayer moi aussi? Le premier roman que j’ai écrit s’appelle Corneilles et je me souviens très bien de l’excitation que j’avais lorsque je l’ai tenu la première fois dans mes mains. Elle était dix fois plus grande que lorsque j’ai écrit mon premier pour adulte.
Un jour j’étais dans un Salon du livre et un garçon de 10 ans a dit à sa mère en parlant de moi : « Lui, c’est celui qui a écrit le premier livre que j’ai lu dans ma vie. ». À ce moment-là j’ai compris qu’un livre pour enfants, ça avait le pouvoir de déclencher le goût de lire. Ça n’en prend qu’un seul, LE livre au bon moment, comme moi j’ai eu Le Trésor de Rackham le Rouge de Hergé.

A : Après plus de 75 romans publiés, est-ce que ça vous arrive d’être en panne d’inspiration?
F : Jamais de la vie ! Je trouve toujours de quoi m’inspirer, la preuve c’est que mes 15 prochains livres sont déjà écrits et prêts ! Par contre, chaque fois que j’ai des projets pour enfants je repousse ceux pour adultes ! J’aime beaucoup plus écrire pour les enfants.

A : Y a-t-il des valeurs que vous souhaitez véhiculer à travers vos romans jeunesse?
F : Je ne pense pas vraiment aux valeurs quand j’écris un livre. Par contre, c’est certain que l’on a une responsabilité morale avec les enfants. La première loi, et possiblement la seule, c’est qu’on n’a pas vraiment le droit de désespérer un enfant parce que la vie est déjà assez dure pour eux. Je trouverais ça immoral et indécent de leur dire que la vie n’a pas de sens. On doit les aider.
Personnellement, j’espère les réjouir, j’espère les faire rire. Je raconte une histoire que j’aurais aimé lire et si ça adonne qu’elle défend des valeurs, elles ressortent malgré moi.
J’écris des livres pour l’enfant que j’étais.

A : Pour conclure, une question pour Papa-François Gravel ! Comment avez-vous réagi lorsque votre fille vous a annoncé qu’elle voulait travailler dans le milieu du livre? Étiez-vous inquiet et/ou réticent pour elle?
F : Il est très fier Papa-François Gravel. J’ai une anecdote que j’aime bien raconter. À 5 ans, Elise rentrait de l’école pré-maternelle et faisait des imitations de ses professeurs. C’était vraiment très drôle et sans méchanceté. Elle avait tout simplement ce don de la caricature et de la formule. Évidemment je l’ai toujours beaucoup fait lire et découvrir toutes sortes de choses. J’ai vu assez rapidement qu’elle avait un talent d’illustrateur et de dessinateur, mais je ne l’ai jamais poussée dans ce sens-là, c’est elle qui a vraiment fait son chemin. Je vois son parcours comme quelque chose de naturel. Elle a pris sa place, elle a trouvé sa voie. Je suis très fier, mais je ne la vois pas non plus comme une compétitrice. Pour elle, ce qui l’a aidée, c’est d’avoir été la fille d’un auteur sans que j’aie eu à faire quoi que ce soit. C’est plutôt parce que pour Elise, c’était naturel de prendre ses dessins et d’aller les présenter directement chez un éditeur. Ça a été plus facile au sens où elle savait comment ça fonctionnait dans le milieu, c’était familier. Je trouve ça très drôle parce qu’elle n’est plus la fille de François Gravel, je suis devenu le père d’Elise Gravel !


Coup de cœur pour cette série que j’adore et qui doit à tout prix se retrouver sous l’arbre de Noël pour vos enfants cette année. François Gravel signe cette collection qui nous apprend un tas de choses en ajoutant sa touche d’humour bien à lui. Ces livres sont parfaits pour les enfants curieux de 9 ans et plus ou encore pour ceux qui sont moins adeptes de fictions.

Bienvenue à Wawa! Tout plein d’histoires sur les noms des lieux
François Gravel & Katy Lemay
Éditions : Québec Amérique, 2014.
ISBN : 9782764412343

www.campagnepourlalecture.ca

Pour acheter ce coup de coeur ASSURÉ, c’est ici :

Last modified: 12 novembre 2015

Author

Comments

Write a Reply or Comment