À mon humble avis, La grande fabrique de mots est le meilleur livre au monde. (Ceux qui me connaissent pourront témoigner que j’emploie souvent cette formule pour parler de plusieurs autres livres, mais là, promis, c’est celui-là.) Quand on est en amour avec un livre, il va de soi qu’on le propose pour la St-Valentin, accompagné d’une animation merveilleuse à faire avec vos p’tits coeurs.

La grande fabrique de mots

Le duo Agnès de Lestrade et Valeria Docampo nous offre un album parfait. Oui ! Texte et illustrations ! Tout en douceur, offert dans une palette aux couleurs terre, on peut y passer de longues minutes (pour ma part, le total se compte en heures… ) à observer les détails et constater les nuances. De plus, il traite des mots d’une façon originale et l’histoire d’amour qu’on découvre au fil des pages nous dévoile la déclaration la plus romantique qui soit !

« Dans cet étrange pays, il faut acheter les mots et les avaler pour pouvoir les prononcer. »

Nous nous transportons donc au pays de la grande fabrique de mots.
À la lecture, on s’aperçoit rapidement que les classes sociales se démarquent par le nombre et la qualité des mots consommés. Les riches sont vêtus d’habits sur lesquels on retrouve des tonnes de lettres alors que les pauvres se contentent de vêtements en feuilles lignées vierges. Et que dire des mots qui coûtent cher ou ceux qu’on trouve à la poubelle ou flottant au vent (crottes de biques, fesses de lapins…). Et voilà, vous avez un magnifique album entre les mains pour rêver et philosopher avec les enfants.

Quelques idées pour le mois de février 

→  Il est très important d’interrompre votre lecture avant la dernière page et d’en cacher l’illustration finale. Faites deviner aux enfants quel mot Philéas gardait depuis longtemps pour une grande occasion.

→  Suite à la lecture, consultez les enfants afin de dresser une liste de valeur des mots. Par exemple, en trois colonnes, les mots à 10$, 100$ et 1000$. On peut même y ajouter une colonne « poubelle ». S’ensuivra tout un débat très intéressant. « Maman », c’est un mot qui devrait valoir cher car il représente une personne importante. Mais, on l’utilise très souvent donc… Les mots comme « guerre » et tous ceux qui font du mal, devraient-ils valoir plus cher pour qu’on les utilise moins? Et si on les met à la poubelle, les gens les utiliseront-ils davantage? Quel est le mot le plus important pour toi? Combien vaut-il? Les enfants pratiqueront ainsi leur sens de l’argumentation et devront trouver des consensus. Vous pouvez imposer quelques mots à classer tout en leur permettant d’en proposer de nouveaux.

→  L’une des pages nous fait découvrir les magasins du pays. On y retrouve, entre autres, une boutique de gros mots et un glacier qui vend des mots d’été. C’est une belle porte d’entrée pour dresser des listes de mots par thème et offrir la possibilité d’écrire de courts textes les incluant. Les enfants pourront ensuite comparer leur utilisation des divers mots avec leurs camarades.

→  On peut aussi imaginer notre vie dans ce pays. Quels seraient les impacts de devoir payer les mots qu’on utilise. Les gens parleraient-ils autant? Y aurait-il des avantages, des inconvénients? Des dangers (besoin de s’exprimer dans une situation d’urgence par exemple…)? Cette discussion peut même servir à faire prendre conscience aux enfants des temps où ils parlent au mauvais moment et de ce qui changerait dans leur comportement si les mots étaient payés. Parleraient-ils encore en même temps que les autres? Le silence serait-il plus facile à obtenir? Est-ce que les gens s’écouteraient davantage?La grande fabrique de mots - Littérature jeunesse

→  Et vient ensuite mon moment bonbon. J’annonce aux élèves que je suis allée au pays de la fabrique de mots et que je leur ai rapporté un souvenir. (Mes élèves sont habitués à mes inventions. Je les immerge constamment dans l’imaginaire et parfois, ils ne savent plus vraiment ce qui est réel ou non. Il n’y a pas de mal à rêver et à inventer avec les enfants!) En leur faisant cette annonce, je déroule (d’un geste théâtral) un très long ruban de papier (rouleau de papier  de caisse enregistreuse. Ne laissez pas le rouleau de plastique par contre !) sur lequel sont écrits des dizaines de mots, collés à la suite des autres. J’essaie d’avoir un ruban de 5 mots par équipe de deux, donc un total d’ une soixantaine de mots. (J’utilise les mots des listes orthographiques du MELS.) Je leur en découpe ensuite un bout et, placé en équipe toujours, ils doivent d’abord séparer les mots aux bons endroits, je vérifie si c’est réussi et ensuite, ils les utilisent pour créer une phrase par mot. Ils prennent l’activité à coeur ! Anecdote : un jour, j’ai même vu un élève sentir intensément son bout de papier et crier à ses copains, avec des étoiles dans les yeux : « Ça sent la grande fabrique ! » Tous les autres se sont mis à sentir leur feuille et à affirmer que, oui, c’était le cas. Voyez mon sourire satisfait !

D’autres pistes :

→  Découper des lettres ou des mots dans les journaux et créer des textes de cartes de Saint-Valentin.

→  Dire des mots banals avec une intonation différente pour exprimer des sentiments. Utilisez « Cerise, poussière, chaise » comme dans l’histoire, mais, avec colère ou tristesse, ou trouver des mots différents.

Ahhhh ! C’est beau non? Partagez-nous vos expériences !

La grande fabrique de mots
Agnès de Lestrade & Valeria Docampo
Éditions : Alice Jeunesse, 2009
ISBN : 9782874261015
6 à 12 ans

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Last modified: 9 février 2017

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