Rage. Appelons cette jeune réfugiée ainsi, puisque nous ne saurons jamais son véritable nom. Nous apprendrons cependant son histoire bouleversante, son passé rempli de souffrances, et il faut bien une suite des choses… 

Mais qui est cette Rage?

Une réfugiée qui vient d’un pays « où l’état se conduit en bourreau, où tous les droits sont bafoués… ». Ah oui, et elle ne fait plus confiance. Surtout pas aux hommes. À son arrivée en France, les médecins ont qualifié sa colère de dépression hostile et la pauvre s’est retrouvée en soins psychiatriques. La rencontre avec sa nouvelle amie Artémis a permis à Rage d’obtenir asile en France.

Avec les élèves !

RAGE Orianne CharpentierCe seul début de roman a donné envie à une amie enseignante d’utiliser le livre en salle de classe. Bien entendu, elle l’a lu entièrement pour s’en faire une bonne idée… il est primordial de lire ce que l’on veut faire lire à des élèves ou à des enfants ! Elle a mis deux semaines (à coups de quelques minutes en début de période) à lire Rage à ses élèves. S’en sont suivis des échanges et débats en lien avec les vagues de réfugiés arrivés tout récemment au Québec. Ce roman aborde des sujets d’actualité et permet une ouverture en classe. En s’inspirant ensuite d’articles journalistiques, les élèves ont pu se prêter au jeu de journaliste d’un jour et rédiger leur tout premier article autour de la thématique des réfugiés (titre d’article, citer les sources, etc.). Elle m’inspire tous les jours cette enseignante !

Mais revenons un peu au livre !

Alors qu’elle assiste à une fête avec Artémis, un trop-plein d’émotions la fait sortir dans le jardin, la nausée au bord des lèvres. C’est à cet instant qu’un cri déchirant la nuit vient tout basculer, tout changer. Un cri de souffrance pure. Une moto démarre soudainement et un chien, ou plutôt une chienne, surgit de l’ombre. Rage sent d’abord une colère sans fin monter en elle. C’est qu’elle ne voit pas un chien, mais bien ses dix jours de souffrance infligée ainsi que ses oppresseurs. Elle désire promptement abattre la bête, du moins se défendre avec une bêche, se défendre enfin. Mais Rage entend l’homme à la moto hurler de lui rattraper cette chienne… une voix humaine méchante, qui aboie.

Ces mots percutent Rage avec violence. Aussitôt, ses yeux se dessillent. Elle regarde la bête qui vient vers elle; elle la voit soudain telle qu’elle est : abîmée, éperdue, les babines déchirées, la peau striée de plaies sanglantes, et des mamelles qui pendent sous son ventre maigre. Rage lâche la bêche. Elle tombe à genoux […] Pour la première fois depuis deux ans, elle dit des mots de son pays. Elle lui parle la langue de son enfance, avec une petite voix sucrée qu’elle ne se connaissait plus.

Rage réussit à ôter la chaîne du canidé et lui jure que plus jamais une main ne la frappera. Jean, jeune étudiant en droit qui a fait la rencontre de Rage pendant la fête, tente de l’aider à secourir l’animal blessé. Alors que Rage ne s’était guerre intéressée à lui pendant la soirée, la gentillesse de ce dernier ne la laisse pas indifférente. Ne sent-elle d’ailleurs pas un petit quelque chose lui chatouiller le cœur, alors qu’ils sont en route pour une clinique vétérinaire?

RAGE Orianne CharpentierAprès la possible euthanasie de la chienne, le retour (la rectitude plutôt) de Jean sur une loi complètement imbécile interdisant au pays des chiens de certaines races qui sont considérées comme des armes et un contrôle d’identité causant un stress pas possible, Rage-de-vivre est sauvée (c’est le nom que Rage et Jean lui ont donné).

De retour dans la voiture, Rage sait très bien ce qu’elle ressent pour Jean. Elle n’en éprouve aucun bonheur au début, percevant ce sentiment comme une faiblesse.

Cependant, impossible de se mentir. Après une nuit chargée en péripéties et en émotions de toutes sortes, une promenade au petit matin à la boulangerie du coin et des croissants frais semblent opérer une certaine magie pour nouer la suite de l’histoire de Rage et de Jean… qui connaît désormais le véritable nom de la belle réfugiée.

La RAGE d’une exilée; il faut en parler

Un déferlement d’émotions vous attend à travers les pages de ce roman psychologique qui se lit d’un seul trait. Personnellement, je pense que cet ouvrage est important dans le sens qu’il a le pouvoir de sensibiliser aux violences et réalités que vivent en ce moment des milliers d’innocents dans le monde.

Alors qu’il contient peu de pages, ce livre se lit parfaitement en groupe et peut devenir une réelle amorce pour lever le voile en groupe sur les sujets d’actualités traitant d’exil et des différences.

Une histoire percutante qui semble si réelle qu’on oublie dès les premières pages qu’il s’agit d’une œuvre de fiction !

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+ Si vous avez aimé ce roman, je vous suggère fortement de lire l’excellent roman Récolte la tempête de Jean-Albert Mazaud.

RAGE
Orianne Charpentier
Éditions : Gallimard jeunesse, collection Scripto, 2017
ISBN : 9782075082556

112 pages
14 ans et plus

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Last modified: 29 septembre 2017

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