Le 12 août dernier, j’ai mis au défi ma libraire d’amour, Chantal Fontaine (aucun lien de parenté, juré !) de choisir le livre que j’achèterais. Elle connaît bien mes goûts littéraires et elle a le don de me faire découvrir de vrais trésors. Après une petite montée d’adrénaline inutile (pas de pression !), elle m’a mis entre les mains un livre qui allait me transformer en guimauve : L’arbragan, de Jacques Goldstyn, publié chez La Pastèque.
Chantal est très cohérente avec le reste de sa profession car L’Arbragan est justement finaliste pour le Prix jeunesse des libraires du Québec. Quel bonheur de vous en parler aujourd’hui.
Je suis retournée à la maison en serrant le livre sur mon coeur. Je savais qu’il cachait quelque chose qui me toucherait. Je ne sais pas si c’est son format, l’illustration de la page couverture toute en douceur, ou son titre intrigant mais j’avais l’impression que lui et moi, on serait ensemble longtemps. Je l’ai posé sur mon bureau et je lui ai donné rendez-vous lorsque j’aurais un vrai moment pour le savourer, c’est-à-dire dans plusieurs heures, lorsque les enfants seraient couchés et l’éclairage, tamisé. Vous savez, un rendez-vous des grandes occasions?
Il était encore là quelques minutes plus tard lorsque grand fiston est venu fouiner. Il a le pif pour les nouveaux livres cet enfant, il les sent de loin. Lorsqu’il m’a demandé s’il pouvait le lire, j’ai eu envie de refuser. Parce que je voulais le premier tête-à-tête pour moi. J’aime beaucoup prêter mes livres et jaser avec vous de mes idées, mais là, j’étais égoïste de la première lecture. Mais, comme je suis une bonne maman et une gentille personne, j’ai dit avec un pincement au coeur : « Ok, mais tu lui fais attention. » Je suis une adulte tout de même, et on ne met pas des bâtons dans les roues à un enfant qui a envie de lire. T’sais…
À son retour, fiston était tout moelleux et m’a simplement dit : « Il est vraiment beau ton livre maman. »
Vous savez, ce genre de livre…
Mais, vais-je enfin vous dire ce qu’il cache, ce trésor?
L’arbragan
Il cache une histoire d’amitié, entre un garçon solitaire et un arbre nommé Bertolt. Il cache des moments de la vraie vie et des réflexions d’enfant. Il cache aussi la mort et ce qu’on en fait.
« Quand un chat ou un oiseau meurt, je sais quoi faire. Mais pour Bertolt, je fais quoi? »
Ceux qui me connaissent savent que le deuil, ça me touche très creux. Comme le creux de cet arbre qui a probablement 500 ans selon l’estimation de son petit grand copain au chapeau en noisette.
Donc voilà, je ne peux vous en dire plus pour résumer cette oeuvre, à part que c’est un hymne à la nature, une visite dans une cachette où la solitude est heureuse.
Cet album de 96 pages peut être présenté à tous les niveaux, du préscolaire à la fin du primaire. Je crois même que les élèves du secondaire l’apprécieront. Le célèbre illustrateur de le magazine Les débrouillards impose une cadence de lecture douce et paisible, qui fera le bonheur des lecteurs qui préfèrent les pages aérées et un message passé en peu de mots. Cette lecture est un bon prétexte à la discussion, qu’on choisisse d’aborder les thèmes de la solitude, de l’amitié ou du deuil.
On peut aussi explorer le thème des cachettes, un sujet cher aux enfants qu’on aborde rarement. À quoi peut servir une cachette? Où peut-on se cacher? Avec qui ou avec quoi peut-on la partager?
En refermant le livre, j’ai eu envie d’aller me promener en forêt. Le père de la célèbre grenouille Beppo parle des arbres avec tant de poésie qu’il m’a transmis l’envie de les visiter. Cet album est un excellent prétexte pour créer un herbier et écrire de courts textes descriptifs ou poétiques sur les arbres.
On peut aussi parler de leur utilité pour la qualité de l’air que nous respirons et dénombrer tous les avantages qu’ils apportent à notre vie quotidienne (objets, papier…).
La finale peut être inspirante pour jaser d’idées pour donner une deuxième vie à des objets, en leur trouvant une nouvelle utilité. Vous pourrez ensuite créer une oeuvre d’objets réutilisés avec les enfants et les conscientiser aux dangers du gaspillage et à la bonne gestion des déchets.
Que d’éléments à explorer avec cet album. Mais, vous pouvez aussi simplement lui offrir une place dans votre bibliothèque et lui faire des sourires lorsque vous passez près de lui…
L’arbragan
Jacques Goldstyn
Éditions : La Pastèque
ISBN : 9782923841700
6 ans et +
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*** Les p’tits mots-dits sont fiers d’être partenaires du Prix jeunesse des libraires du Québec pour sa 5e édition. ***